Qui suis-je ?

La famille, c’est sacré.

La mienne est cousue sur une histoire de femmes. Mon arrière-grand-mère portait le nom de Couturier. Ma grand-mère s’appelait Mme Mercier. Ma mère, quant à elle, était passionnée de couture.

Et moi ? Je n’y avais jamais vraiment prêté attention.

Ce fil qui tissait des générations de femmes avant moi s’était effiloché.

Jusqu’à ce jour où ma mère m’annonça qu’elle risquait de perdre la vue et cette histoire de femmes, l’histoire de ma famille serait perdue avec elle…

Alors, soucieuse de me léguer cet héritage, elle m’a transmis son savoir et sa passion.
De fil en aiguille et de femmes en femmes, le fil de l’histoire a repris entre mes doigts.

J’ai fait mes adieux à l’univers austère de la banque dans lequel j’évoluais jusqu’à lors.
Un salaire pourtant confortable mais qui ne répondait pas à mes aspirations : offrir de la joie, partager des émotions.


Et c’est ainsi qu’à peine 18 mois après le premier coup de pédale sur la machine à coudre, j’ai créé l’ouvrage de ma vie : mon entreprise.
Une entreprise cousue de passion et de rêveries.


Passion et rêve qui m’ont guidée dans l’invention du Tapimoutik, tapis tout doux et tout mignon pour bébé (Moutik signifie “mignon” en breton).

Parfois, dans mon atelier, entourée de mes tissus aux couleurs douces, je me prends à penser avec fierté à ma mère qui a dû en découdre avec la vie, mais aussi à sa mère et à sa grand-mère avant elle et je suis prise d’une immense fierté d’être le fruit de cette lignée de femmes.

Alors, aiguille en main, je mets encore plus de cœur à l’ouvrage, portée par ce fil invisible qui me lie à elles, pour vous faire partager un petit bout de mon rêve, tout doux et tout mignon.

Article du Télégramme, édition de Chateaulin du 19.02.19

Ce n’était pas du tout la voie professionnelle dans laquelle elle s’était engagée. Pourtant, Audrey Chabert, Castoise de 28 ans, vit aujourd’hui de la couture. Une passion qui lui a été subitement inculquée par sa mère, il y a tout juste deux ans. Depuis, Audrey fabrique des accessoires de puériculture et les commandes se multiplient, jusqu’en Suisse ou en Belgique.

 

Larges tapis de sol bien rembourrés aux nombreux motifs, petits cubes d’éveil, lingettes en coton pour assurer la toilette de bébé : au domicile d’Audrey Chabert, à Cast, tout porte à croire qu’un petit garçon ou une petite fille a récemment pointé le bout de son nez. Et pourtant, non. La jeune femme a bien un compagnon, charpentier de métier, mais pas de nouveau-né à l’horizon.

En réalité, si l’on retrouve autant d’accessoires de puériculture chez Audrey, c’est tout simplement parce qu’elle les fabrique elle-même. Depuis quelques jours seulement, la Varzécoise d’origine a fait de la couture son emploi fixe. Il y a quelques mois de cela, elle n’aurait sûrement pas parié là-dessus. « Ma mère avait l’habitude de coudre, mais juste pour le plaisir. Il y a deux ans, elle a été informée qu’elle risquait de perdre la vue. Alors elle a décidé de m’apprendre la couture. Jusqu’alors, je n’avais jamais regardé comment elle s’y prenait. Mais là, j’ai été passionnée de suite ! », expose Audrey Chabert.

 

« Un peu peur de me lancer »

 

Elle commence par une taie d’oreiller, puis passe rapidement à des créations plus ambitieuses. Dans un premier temps, néanmoins, cette passion reste un hobbie. Elle s’y consacre « une vingtaine d’heures par semaine », en rentrant du boulot, ou le week-end, ce qui ne lui laisse que peu de temps pour se reposer. « Lorsque je m’y suis mise, je travaillais dans le milieu bancaire, qui n’est pas du tout fait pour moi. Ça ne correspondait pas vraiment à mon tempérament de devoir faire face à des situations humaines parfois difficiles ou de dire non à des gens dans le besoin », exprime-t-elle, presque gênée.

Lassée, elle entame un job plus proche de ses aspirations, même si son salaire s’en trouve nettement réduit, pour le magasin Self Tissus, à Quimper. D’abord à temps plein, avant de solliciter un temps partiel auprès de son employeur, une fois déposé les statuts de sa propre société, Audrey Couture, en juin 2018.

Seulement 20 % de mes clients sont du coin. Il y a beaucoup de Parisiens, mais aussi des gens de Belgique ou de Suisse.

Incitée par son entourage, la couturière se lance finalement dans le grand bain au début de l’année 2019. « Ils ont plus cru en moi que je ne croyais en moi », sourit-elle. « Le fait de me lancer dans l’entrepreneuriat, ça me faisait un peu peur. Mais je suis bien mieux comme ça ! », savoure-t-elle, déjà convaincue d’avoir pris la décision qui s’imposait.

 

« Deux mois entre la commande et la fabrication »

 

Son carnet de commandes a de quoi l’encourager. « J’ai deux mois de délai en ce moment, entre la commande et la fabrication », explique Audrey Chabert. Chaque semaine, elle fabrique entre huit et dix tapis, pour trois heures de travail manuel (voire plus) sur chaque pièce. Chez elle, pas de stock pour le moment. Tout est fait sur-mesure, à base de coton certifié oeko-tex (contenant peu d’encre et de solvant nocif pour le bébé) et de polyester pour ses grands tapis de sol aux nombreux motifs. « Un tapis de sol peut en contenir entre quatre et six, sur un catalogue d’une centaine de propositions », précise la spécialiste. Ses clients ? De nouveaux parents, bien sûr, venus de partout en France et au-delà. « Seulement 20 % de mes clients sont du coin. Il y a beaucoup de Parisiens mais aussi des gens de Belgique ou de Suisse ».

 

« Ne pas me dégoûter de mon boulot »

 

Une notoriété rapide et montante, due à la qualité de ses créations, bien sûr, mais aussi à l’activité d’Audrey sur les réseaux sociaux, particulièrement sur Instagram, où elle compte plus de 4 000 abonnés. « J’essaie de poster cinq à six photos par semaine », indique-t-elle. La tête pleine de projets, elle les repousse pourtant, par manque de temps. « J’aurais bien aimé faire des sacs pour les vendre sur les marchés mais ça va attendre ». Satisfaite de pouvoir s’octroyer deux jours de week-end après des années sans pouvoir le faire, Audrey le dit sans problème aucun : « Le but, ce n’est pas non plus de trop en faire, jusqu’à me dégoûter de mon boulot. J’ai la chance de faire ce que j’ai choisi, c’est déjà beaucoup ». Avis tout de même aux parents de bébés un brin turbulents : la sagesse contenue dans ces propos n’est malheureusement pas livrée avec les tapis de sol.


Pratique
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